Que ressentirait-on à la place d’Andreas Mogensen, astronaute de l’ESA, filant à travers l’espace en direction de la Station spatiale internationale à bord d’un petit vaisseau ?
Puisque nous ne pouvions pas poser la question à Andreas, qui était encore en orbite à bord de son Soyouz la semaine dernière et qui revient sur Terre le 12 septembre, nous avons posé cette question à une astronaute qui a vécu cette même expérience.
L’astronaute de l’ESA Claudie Haigneré a effectué deux missions spatiales en Soyouz, en 1996 et 2001. Sa seconde mission, Andromède, était très similaire à iriss, la mission d’Andreas, puisqu’elle a duré 10 jours, y compris les deux jours de vol pour atteindre la Station.
Claudie nous écrit:
« Quand je me souviens de ces quelques heures privilégiées, que j’ai revécues dans le sourire et les yeux brillants d’Andreas hier sur le pas de tir! Souvenir d’astronaute, souvenir d’astronaute de l’ESA, souvenir d’un être privilégié qui a vécu un rêve bien humain. »
Du rêve à la réalité
« Premier vol, enfin la mise en orbite! Premières heures d’un voyage si longuement rêvé, d’une mission si précisément préparée. Après des années d’entraînement, après des heures de simulations, on a l’impression d’être prêt. Les équipes scientifiques et techniques, les instructeurs, les cosmonautes expérimentés nous ont tout transmis de leur expérience et de leurs recommandations. La responsabilité est lourde, objectif: réussite à 100% de la mission, astronaute professionnel de l’ESA, oui… »
« Oui… mais aussi… le pur bonheur de la découverte de ce que l’on n’avait pas imaginé, pas espéré même. Et ces quelques heures après la mise en orbite, où l’on a un peu de temps pour soi. Découvrir son corps en microgravité, l’absence de poids, la lenteur et la maladresse à apprivoiser. Découvrir le spectacle par le hublot: le défilement de la Terre, le passage du jour à la nuit sur Terre, le cosmos noir et ses millions d’étoiles. C’est encore plus beau et plus intense que tout ce à quoi on avait rêvé. Un pur moment de vrai bonheur, de joie profonde. Laisser s’imprimer à jamais toutes ces sensations pour pouvoir ensuite les partager avec tous les autres explorateurs restés au sol. Garder son âme d’enfant passionné, impatient et curieux. Aiguiser son regard. Aimer se laisser surprendre… et cela va très vite arriver: une aurore australe, le lent voyage et l’arrivée majestueuse du Soyouz pour l’amarrage à la station, l’ouverture de l’écoutille, la joie des retrouvailles avec l’équipage à bord, la surprenante découverte de l’ISS, la Station spatiale internationale, immense. Chaque mission est unique, mais elle ne nous appartient pas complétement. Quelques heures indélébiles qui n’avaient pas été décrites dans les procédures de vol… et que chacun au sol nous envie! »
« Puis les procédures, le déroulement de la mission, le programme scientifique, retour à la réalité. Prêt? Oui, encore plus que ce que l’on savait. »
Sensations de vol à bord d’un Soyouz par l’E.S.A.
Source: F3CJ