Petite histoire des objets montagnards
Le piolet, meilleur ami de l’alpiniste
D’invention tardive, il devient vite l’indispensable prolongement des montagnards, des Alpes à l’Himalaya. Les évolutions technologiques ont bouleversé ses formes et ses usages, mais sans jamais altérer son statut symbolique.
Dans la toute dernière version du jeu vidéo Tomb Raider, Lara Croft s’est dotée de nouveaux accessoires, techniques et salvateurs : deux piolets. Les alpinistes confirment : sans cet outil, leur espérance de vie sur une pente raide se réduit drastiquement.
Le piolet, s’il sert effectivement à enrayer les chutes, a bien d’autres usages : aide à la progression, point d’ancrage pour l’assurance de la cordée, canne, marteau, outil à tout faire au bivouac…
Aux origines était l’alpenstock, long bâton de bois ferré à son extrémité.
Le conquérant du mont-Blanc, Jacques Balmat, utilisait en 1786 un «bâton de montagne» de 3 mètres de long.
Dans les décennies suivantes, les guides prirent l’habitude de se munir en plus d’une hachette pour tailler la glace, bientôt montée sur un long manche puis dotée d’un pic à son autre extrémité : l’ancêtre du piolet était né.
A partir de 1860, la production des piolets «modernes», raccourcis et allégés, commença un peu partout dans les Alpes.
La lame des hachettes, tournée pour devenir horizontale et rebaptisée «panne», permettait aux alpinistes de tailler des marches
dans les pentes de glace raides. Au début du XXe siècle, la forme des piolets est stabilisée ; elle ne connaîtra guère d’évolution pendant un demi-siècle. C’est l’âge d’or des piolets de bois, lame d’acier. Le modèle le plus connu, produit par les établissements Simond à Chamonix, fut utilisé par Maurice Herzog et Louis Lachenal à l’Annapurna en 1950, par Edmund Hillary à l’Everest en 1953… et servit même d’arme létale à l’assassin de Trotsky à Mexico en 1940 !
A partir de la fin des années 50, le piolet connaît une mutation accélérée : utilisation du métal pour le manche, puis de matériaux de plus en plus légers, alliages, carbone et bientôt kevlar, incurvation de la lame, recourbée pour améliorer l’ancrage dans la glace.
Les pratiques évoluent: on grimpe à partir des années 60 avec deux piolets, bientôt rebaptisés piolet-tractions grâce
à l’augmentation de leur efficacité, puis, à partir des années 80, au galbe de plus en plus marqué des manches. Ces «armes»,
comme les surnomment les grimpeurs, leur permettent de progresser sur les cascades de glace au-delà de la verticale et même
sur des murs rocheux surplombants, pratique baptisée «dry tooling».
Les piolets sont désormais multiformes, adaptés à chaque pratique, des «engins» galbés pour la cascade aux piolets droits
imples et robustes pour la randonnée glaciaire, en passant par des piolets creux, ultralégers, pour le ski alpinisme…
Leur force symbolique n’a pourtant pas changé. Le piolet d’Herzog trône au musée de l’olympisme à Lausanne,
le milieu alpin décerne chaque année des «Piolets d’or» aux plus belles ascensions et l’alpiniste, quel que soit son niveau,
continue comme hier de poser pour la postérité piolet en main ou dressé vers le ciel…
Par François Carrel, Grenoble — 10 décembre 2015 à 09:14
Le piolet, meilleur ami de l’alpiniste
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